L’histoire et la mission de Warm Audio
Par son fondateur et président, Bryce Young.
A l’origine, d'où vient cette fascination pour le matériel analogique ?
J'ai commencé à enregistrer avec mon groupe à l'âge de 16 ans. Nous avions choisi un petit studio local qui nous semblait avoir du matériel "correct", mais finalement, nous n'étions pas satisfaits du résultat ; ça ne sonnait tout simplement pas bien. J'étais choqué de la si grande différence qu’il y avait entre nos enregistrements et les albums que j’écoutais en vinyle ou à la radio.
Nous avons trouvé un autre studio mais, là encore, le résultat n'était pas très bon. J'ai donc commencé à expérimenter par moi-même. J'ai acheté un de ces portastudios Roland tout-en-un qui permettait d'enregistrer huit pistes maximums. Par après, j'ai utilisé une interface USB et je me suis lancé… J'ai eu l’opportunité de travailler dans un studio de la région et j'ai mixé beaucoup de groupes pendant mes études. Au fil du temps, je me suis de plus en plus intéressé aux équipements audios pro.
J'ai compris l'impact que la qualité du matériel pouvait avoir sur la musique. Le déclic a été lorsque j'ai branché pour la première fois mes micros bon marché dans l’Avalon 737 de la régie de mon université. Un nouveau monde s'est ouvert à moi. Le son était complètement différent de ce que j'avais connu auparavant - plus grand, plus gras, plus juteux et tout simplement plus professionnel. Depuis lors, j'ai toujours recherché cette sonorité. « "J'ai compris pourquoi le matériel vintage coûteux faisait l'objet d'une telle vénération. »
« "J'ai compris pourquoi le matériel vintage coûteux faisait l'objet d'une telle vénération. »
Quand as-tu commencé à fabriquer ton propre matériel ?
C’était vers 2007, j'achetais des kits pour fabriquer moi-même des préamplis micro classiques et vintage dans mon garage, et j'ai commencé à les vendre sur eBay. Je me suis vraiment intéressé à la façon dont les composants influençaient les résultats. Ces circuits ne sont pas terriblement compliqués, mais un composant bon marché ou mal choisi peut sérieusement diminuer la qualité de l’appareil. J'ai alors pris contact avec des fabricants de composants. Je n'étais qu'un gars dans son garage qui envoyait des e-mails à des entreprises prestigieuses en leur posant plein de questions du genre : Est-il possible d’acheter en petite quantité ? Ou bien, pourriez-vous modifier certaines pièces existantes pour qu'elles correspondent à des composants qui n’existent plus (…?!). Lorsque j’y repense, je suis toujours surpris que certains de ces partenaires aient répondu à mes questions et m'aient aidé à créer ce que je voulais. Les gens ont commencé à acheter mes versions de kits avec les composants que j'avais sélectionnés. J'ai réalisé qu'il y avait énormément de personnes qui, comme moi, voulaient capturer "ce" son, mais n’avaient simplement pas les moyens d’aller en studio ou d’acheter ce type d’appareil.
Comment une start-up inconnue a-t-elle réussi à pénétrer un marché de l'enregistrement analogique qui se rétrécissait en moins de dix ans ?
C'était vraiment amusant de fabriquer le matériel moi-même, mais j'ai vite compris que si je voulais continuer dans cette voie, je devais faire les choses en grand et trouver un fabricant capable de produire des quantités plus importantes et plus rapidement que moi. La mise en place d'une bonne distribution dès le départ a été extrêmement utile pour le démarrage et la croissance de la marque. Nous avons noué des relations avec un distributeur qui avait des contacts avec des gros détaillants et nos produits ont rapidement été disponibles en ligne.
Ce qui nous rendait unique à l'époque, et qui l’est toujours, c'est de proposer tout le matériel que les gens veulent avoir chez eux, mais qu'ils utilisent sous forme de plugins faute de moyen. Nos micros et périphériques audio sonnent vraiment bien, à des prix qui ne sont pas aussi élevés que les autres marques. Nous avons simplement trouvé des clients qui veulent la même chose que nous.
A début, de nombreux distributeurs disaient que le monde s'éloignait de ces produits, que les plugins étaient le futur. Je leur répondais qu'ils passaient au numérique parce qu'ils n'avaient pas les moyens de s'offrir un compresseur ou un micro à 4.000€. Mais lorsqu'ils entendent que le nôtre sonne aussi bien à un prix nettement inférieur, ils se demandent s'ils veulent vraiment ce compromis numérique ou le vrai produit. Nous constatons - et les clients le prouvent - que les gens veulent vraiment ce qu'il y a de mieux.
« Essayez d'insuffler un vrai son analogique dans votre mix numérique et voyez si cela fait une différence… 😉»
Comment faites-vous pour maintenir les coûts à un niveau aussi bas sans porter atteinte à la qualité du matériel ?
C'est très important, et ce n'est pas non plus très compliqué. Nous avons prouvé notre "Warm Formula" à maintes reprises en montrant que les modèles haut de gamme peuvent être commercialisés à des prix bien inférieurs à ceux pratiqués par les fabricants «boutiques» traditionnels. Nous y parvenons en établissant des relations avec des fournisseurs de composants spécialisés qui s'adaptent à notre demande. Grâce à l'augmentation du volume, ces fabricants améliorent leur efficacité et nous proposent de meilleurs tarifs. Warm Audio répercute ces économies sur ses clients en leur proposant des prix plus attractifs. L’objectif est atteint grâce au volume des ventes. Étonnamment, nous faisons tout cela en maintenant un processus de contrôle qualité rigoureux. Chaque appareil - littéralement chaque appareil - est ouvert et mis sous tension à notre siège d'Austin, Texas. Une inspection minutieuse est effectuée afin de déceler d’éventuels problèmes liés à la puissance, au niveau signal-bruit, aux dommages esthétiques, à la continuité tonale et la fonctionnalité. L’excellence de nos partenaires, ainsi que l’inspection manuelle des produits garantissent facilement leurs qualités, ce qui nous permet de proposer des produits professionnels à des prix beaucoup plus abordables.
Comment voyez-vous l'évolution du marché ?
De nos jours, la plupart des musiciens cherchent à obtenir le son légendaire qui les a motivés à jouer de la musique. Inévitablement, les enregistrements classiques réalisés dans des studios de classe mondiale nous influencent et nous rendent nostalgiques. Il y a là quelques choses d’intrinsèquement créatif et inspirant. Au fond, beaucoup de musiciens et de producteurs utilisent des plugins parce que presque tous émulent du matériel vintage, conçu sur base de circuits originaux, avec de vrais composants électroniques, des tubes et des transformateurs. Les musiciens essaient d'imiter numériquement ce son caractéristique, malheureusement hors de portée financièrement pour la majeure partie. S’il existe aujourd’hui une sorte de fanatisme pour le son analogique, c’est bien pour une bonne raison ; Le son est meilleur !
Notre but chez Warm Audio est de proposer cette couleur et cette chaleur de son au plus grand nombre, afin de tirer profit au maximum du son analogique (même si ce n’est pas pour tous). Nous pensons que nos produits offrent vraiment la même qualité sonore que le matériel d'époque, voire mieux, et nous acceptons le défi d'être comparés aux meilleurs. Nous voulons qu'au lieu d'utiliser un préamplificateur, un compresseur ou un égaliseur virtuel, ils essaient d'en utiliser un vrai et voient si cela change leurs mixages et leur approche.
«Pour ma part, je suis assez d’accord avec Bryce Young de manière générale. Etant un « aficionado » d’équipement analogique haut de gamme, l’inverse aurait été bien étonnant. »
Le mot de la fin
Pour ma part, je suis assez d’accord avec Bryce Young de manière générale. Etant un « aficionado » d’équipement analogique haut de gamme, l’inverse aurait été bien étonnant. Cela dit, mon avis n’est pas basé sur un apriori ou des rumeurs quelconques mais bien fondé sur des faits solides.
Croyez-moi, avoir l’opportunité de travailler chez m2m depuis 25 ans offre des possibilités de test et de comparaison impossible à effectuer en home / project studio. De nos jours, un grand nombre de plugins sont effectivement (très) bons, voir vraiment supers… mais si vous dites qu’un plugin Summit Audio, API ou AMS-Neve fait le même boulot que l’appareil analogique original, c’est que vous n’avez jamais utilisé la machine « en vrai ».
Preuve par neuf : Pourquoi un fabricant vendrait-il des plugins à plusieurs centaines d’euros qui feraient la même chose que ses propres machines analogiques vendues à plusieurs milliers d’euros… Pardonnez-moi, mais il faudrait être complètement stupide, non ?!
En réalité, son intérêt est de conquérir un autre segment du marché auquel il n’a pas encore accès. Cela ne veut absolument pas dire que ces produits sont mauvais, mais bien qu’ils soient différents et destinés à une autre clientèle…
Aussi, pourquoi est-ce que les majors paieraient des productions hors de prix dans des studios mondialement connus alors que le tout pourrait être réalisé «in the box » avec un simple ordinateur ?
L’avantage des plugins est indéniable, c’est évident, tant sur le plan pratique que financier (surtout !).
Dupliquer des Eq et compresseurs à foison sur plusieurs pistes (en fonction des limites de votre ordinateur) pour le prix d’un software est prodigieux. Néanmoins, si vous voulez augmenter le niveau de qualité de vos projets, je ne pourrais que vous encourager à investir dans du matériel analogique. Gardez en tête qu’on ne peut pas avoir du caviar au prix du hareng.
Enfin, votre chaîne d’équipement doit être cohérente quel que soit votre budget. Un channel strip de 3.000€ associé à un micro de 200€ améliorera votre son, certes, mais vous n’obtiendrez pas un résultat optimum bien que vous aillez dépensé beaucoup d’argent. Au même titre qu’utiliser une interface de 1.500€ en mixant sur une paire d’enceinte à 300€ n’a pas de sens, n’est-ce pas ? – A méditer…
L.VGR
