Studio Sphères Sonores
Le nouveau studio d’enregistrement de la Province de Liège.
Cela fait maintenant 21 ans que la Province de Liège s’est dotée d’un studio d’enregistrement mis au service de ses projets de soutien aux différents acteurs culturels du secteur musical de sa région. L’ancien studio se situait dans le bâtiment des Chiroux au centre-ville de Liège, cohabitant avec la médiathèque, la bibliothèque et les services administratifs du département culture de la Province. Avec le déménagement complet et programmé de ce lieu, il a été décidé de reconstruire un studio dans le Pôle musical en devenir situé à Seraing. Ce fut dès lors l’occasion d’agrandir le studio à quatre rooms au lieu d’une précédemment et de moderniser une partie du matériel déjà acquis.
Ce studio est la pierre angulaire de l’aide aux projets musicaux subsidiés par la Province ainsi que des différentes étapes des programmes d’accompagnement ou encore du Prix Musique Classique Contemporaine. Un atelier de spécialisation au mixage pour les producteurs-trices électro/urbain y sera d’ailleurs bientôt réalisé. Il est également dédié à tous types de travaux sonores pour les différents services de la Province de Liège.
En fonction de son agenda, le studio est également disponible à la location (avec un quota maximum de 46 jours l’année) et ce, sous la gestion des ingénieurs du son qui y sont attachés : Jean-François HUSTIN et Antoine LITT.
Les tâches pour lesquelles le studio est compétent sont : l’enregistrement, le montage sonore et le mixage.
« Il fallait donc que cette pièce puisse à la fois porter le propos d’une musique acoustique jouée en live sans casques tout en nous laissant une marge au mixage pour réorienter l’acoustique si besoin .... »
Jean-François HUSTIN (ingé-son "résident" du studio)
Vous avez quatre rooms d’enregistrement, comment sont réparties ces pièces ?
Tout d’abord, je tiens à dire que c’est là notre plus grande (bonne) surprise : la qualité acoustique de ces pièces ! Chaque room a sa propre signature sonore et est homogène. C’est au grâce au travail de l’acousticienne Fabienne DUTHOIS (www.acoustique-accord.be). Elle avait déjà travaillé avec nous sur le premier studio il y a 20 ans et cette expérience nous a permis de beaucoup discuter en amont sur ce que je désirais obtenir comme palette sonore pour ce nouveau projet.
La room principale est articulée autour d’un magnifique piano demi-queue Estonia L210 prêté par Michaël GRAILET (L’Artisan du Piano à Visé). Ce piano est adapté à la taille de notre room… Il excelle dans la musique de chambre, la musique à l’image, la pop, le jazz… un son ouvert, précis et velouté mais avec des basses pleines et directes. Elle fait 32m2 et peut accueillir jusqu’à 13 musiciens.
Il fallait donc que cette pièce puisse à la fois porter le propos d’une musique acoustique jouée en live sans casques tout en nous laissant une marge au mixage pour réorienter l’acoustique si besoin est vers d’autres espaces sonores avec, par exemple, nos réverbes hardware Bricasti M7, TC M6000, Lexicon PCM96, Eventide H8000 ou autres plugins (Altiverb, UAD,...). Son temps de réverbération est de 0,5 sec. et sa couleur est juste magnifique. Depuis Septembre 2022, j’ai déjà enregistré beaucoup d’instruments différents dans cette pièce et tout sonne bien : drums, contrebasse, chant lyrique, cuivres, cornemuse ! Pour capter la beauté de cette pièce, le micro à ruban stéréophonique AEA R88 fait d’ailleurs merveille !
La deuxième room (22m2) a un temps de réverbération plus court et une acoustique que je qualifierais de souple et chaude. Idéale pour les percussions, batterie jazz, amplis… La troisième (7m2) est spécialement conçue pour les prises de voix. Un son précis, feutré mais restant vivant et dynamique.
Et enfin, une dernière pièce, petite mais entièrement boisée, pour des instruments tels que contrebasse, flûtes, guitares acoustiques… Concernant cette petite pièce de 5m2, nous sommes vraiment bluffés par le travail de l’acousticienne, un micro omni nous donne la sensation d’être dans une pièce beaucoup plus grande ! C’est vraiment étonnant.
« L’ajout récent dans notre parc micros des Coles et du micro stéréophonique AEA nous comble chaque jour ! »
« En fait, cette formule hybride analogue/digitale permet d’être créatif et de s’adapter à tout type de situation. »
Qu’utilisez-vous comme micros ?
5 Schoeps avec différentes capsules, 1 Schoeps ortf, 4 KM184, des DPA, des micros à rubans AEA, des Coles, Royer Labs, 2 Josephson C715 (à découvrir absolument !), Neumann (U87s, U47, TLM67, TLM170, M149…) et un parc fourni de micros dynamiques (Shure, Sennheiser, AKG, Beyerdynamic, etc.). L’ajout récent dans notre parc micros des Coles et du micro stéréophonique AEA nous comble chaque jour !
Et vos choix question préamplis, outboard analogue ?
Nous enregistrons beaucoup de styles musicaux différents. Nous jouons donc énormément sur la coloration des sources dès la prise. Notre matériel nous permet, au jour le jour, de nous adapter aux différents projets. Dans les préamplis que l’on pourrait qualifier de « non-colorés », je citerais les huit préamplis PrismSound de l’interface AD/DA Atlas. Nos quatre portico Neve channelstrip sont souvent utilisés pour leur tenue parfaite du signal, leur polyvalence et leur musicalité. Les huit préamplis du Spider de chez Cranesong sont vraiment top également. Sur une prise de son piano par exemple, ils restituent à merveille la complexité des transitoires et la richesse harmonique du signal. Idem pour les overheads batteries.
Lorsque l’on veut aller vers un son typé plus « dark », nous utilisons par exemple nos TG2 Chandler routés vers des compresseurs STA level ou retro176 (Retro Instruments) et des convertisseurs A/D BURL, résultat garanti sur tout type de signal! Enfin, API (punch, clarté) est également présent en control room ainsi que deux magnifiques préamplis à lampes de chez DW Fearn (utilisés très souvent pour nos prises de voix, piano, instruments solistes…).
Question convertisseurs, comment gérer vous toutes ces sources ?
Sur base de deux cartes Protools HDX, nous avons des convertisseurs AVID (32ch.ADDA, 24ch.DD), PRISMSOUND Hdx (8ch.ADDA), Cranesong (8ch.AD AESEBU) et BURL (2ch.AD). Le tout est clocké par une atomic clock de chez Antelope Audio. Cette clock nous assure une stabilité déconcertante tant les convertisseurs avid ont bénéficié de son apport. Ce n’est pas une légende, ça fonctionne réellement bien ! L’image globale est ample, stable, précise, douce, agréable à l’écoute…
« ils [m2m] proposent régulièrement des produits innovants et distribuent des petites sociétés amoureuses du bon son »
Beaucoup de gear analogique à la prise donc…et lors du mixage, vous repassez également par ces machines ?
Cela dépend du contexte. Du temps à allouer au projet également…
Si nous avons enregistré en utilisant dès la prise nos compresseurs et équaliseurs analogiques, repasser en analogue est parfois « too much ». Nous utilisons alors des plugs UAD, Softube, Fabfilter, PluginAlliance, DMG Audio etc. Egalement, nos réverbes hardware précitées…
Toutefois, nous pouvons travailler avec un sommateur SSL (Sigma) dont l’automation est gérée depuis Protools et qui termine souvent sa course (Mixbus) dans un compresseur et une eq de type mastering ; Par exemple, au choix, les compresseurs Phoenix Thermionic Culture, Vari-Mu Manley, DW Fearn VT7, Zener Limiter vers un BAX eq de chez Dangerous Audio ou encore l’API 5500, l’Hammer eq et le clone Pultec de chez A-design, le Massive Passive Manley, le Clariphonic de chez Kush Audio… Bref, commencer le mixage en digital puis rapidement fixer la couleur du mixbus est un bon point de départ pour nous.
Cette configuration est aussi idéale pour les producteurs ou ingénieurs du son qui désirent finaliser chez nous leurs travaux réalisés full « In The Box ». Ils sortent alors 10 à 12 STEMS, passent par notre sommateur et utilisent le gear analogique placé en insert sur les pistes du Sigma, s’offrant ainsi un son ample et généreux… En une passe d’enregistrement, via les direct out du sommateur reliés au patch, ils peuvent même repartir avec leurs STEMS traitées pour de futurs remixes etc. En fait, cette formule hybride analogue/digitale permet d’être créatif et de s’adapter à tout type de situation. Tout le gear étant routé vers les patchs Ghielmetti.
Pour terminer, votre système monitoring ?
Barefoot MM27 + d’anciennes enceintes FAR. Le Sub est un FAR également.
Pour ce Sub, j’ai mis trois jours à trouver la combinaison gagnante « placement, phase » mais une fois correctement placé, son jumelage avec les barefoot est quasi parfait. Les enceintes sont reliées à un système de monitoring Grace Design M905 hyper complet, robuste, fiable dans le temps.
Dernière chose… vous travaillez régulièrement avec M2M Pro pour l’acquisition de votre matériel, un mot ou deux sur votre collaboration ?
Ce sont des personnes passionnées, fiables et le service après-vente est top.
De plus, ils proposent régulièrement des produits innovants et distribuent des petites sociétés amoureuses du bon son. Comme par exemple le modular channel d’Overstayer, processeur de distorsion que nous nous réjouissons de recevoir !